La dynastie Idrisside (788 – vers 974) : les premières monnaies marocaines musulmanes


Les monnaies idrissides : trésors numismatiques du Maroc médiéval

La dynastie Idrisside (788 – vers 974) est à l’origine de la création d’un État marocain indépendant et du développement de la numismatique islamique au Maroc. Fondée par Idriss Ier, descendant de la famille du prophète Muhammad, la dynastie marque un tournant dans l’histoire politique, religieuse et économique du pays.

Les monnaies frappées sous les Idrissides sont parmi les premières monnaies islamiques marocaines et constituent aujourd’hui des objets de collection très recherchés. Elles témoignent de la structuration de l’économie, de l’administration et de la diffusion de l’islam dans la région.


1. Historique des Idrissides et de leurs monnaies

Idriss Ier (788 – 791)

Premier souverain de la dynastie, Idriss Ier s’installe à Volubilis, puis consolide le pouvoir autour de Fès. Bien que son règne soit court, il initie les premières frappes monétaires au Maroc : principalement des dirhams en argent et des fulus en cuivre.

Caractéristiques générales des frappes d’Idriss Ier :

  • Dirhams en argent : poids approximatif 2,97 g, diamètre 20-22 mm
  • Fulus en cuivre : usage local pour les transactions quotidiennes
  • Inscriptions : coufique simple mentionnant le nom du souverain et la date de l’Hégire

Intérêt pour les collectionneurs : ces monnaies sont extrêmement rares, car elles représentent la monnaie fondatrice du premier État musulman marocain. Objet de prestige, difficile à obtenir.


Idriss II (791 – 828)

Fils d’Idriss Ier, il poursuit le développement du royaume et établit Fès comme capitale durable. Sous son règne, la frappe monétaire devient véritablement systématique.

Caractéristiques des monnaies d’Idriss II :

  • Dirhams en argent pur, généralement autour de 3 g
  • Frappe à al-ʿĀliya, quartier historique de Fès
  • Inscriptions en arabe coufique : nom du souverain, année de l’Hégire, parfois mention de la ville de frappe
  • Designs simples mais élégants, avec une lecture claire des inscriptions religieuses et politiques

Idriss II favorise également la circulation des fulus en cuivre pour les échanges locaux, renforçant la stabilité économique. Certaines monnaies rares affichent des inscriptions religieuses comme « La ilaha illa Allah », confirmant la diffusion de l’islam.

Intérêt pour les collectionneurs : les monnaies d’Idriss II sont plus accessibles que celles de son père, mais restent rares. Elles constituent une des pièces incontournables de la numismatique marocaine.


Les successeurs d’Idriss II

Après lui, le royaume est divisé entre ses fils. La dynastie poursuit ses frappes monétaires sous différentes branches.

  • Muhammad ibn Idriss (828 – 836) : frappe principalement à Fès et Meknès. Dirhams en argent de type classique idrisside. Inscriptions islamiques, parfois mention de son nom.
  • Issa ibn Idriss et autres frères (836 – 868) : frappes sporadiques, petites séries de dirhams et fulus. Rarement bien conservées, peu d’exemplaires disponibles.
  • Yahya Ier (848 – 864) : dirhams en argent et fulus en cuivre, frappés à Fès et Meknès. Relativement plus documentés.
  • Yahya II et la décadence (864 – 974) : monnaies moins fréquentes, souvent de faible qualité. Les dirhams en argent continuent d’être frappés en petite quantité. Influence croissante des Fatimides et Omeyyades d’Espagne sur les types monétaires.

Observation générale : les monnaies des successeurs montrent une évolution progressive de la calligraphie et des inscriptions, ainsi qu’une diversification des centres de frappe (Fès, Volubilis, Meknès).


2. Types de pièces idrissides

Dirhams en argent

  • Poids : 2,97 à 3,05 g
  • Diamètre : 20-25 mm
  • Inscription : nom du souverain, date hijri, parfois lieu de frappe
  • Usage : transactions commerciales importantes, commerce régional
  • Intérêt : pièce emblématique de la dynastie, recherchée par les collectionneurs

Fulus en cuivre

  • Matériau : cuivre ou alliage cuivreux
  • Usage : transactions locales, petits échanges
  • Forme : ronde, parfois légèrement irrégulière
  • Intérêt : rares mais précieux pour comprendre la circulation quotidienne

Dinars en or (éventuels)

  • Extrêmement exceptionnels, certains attribués à des règnes spécifiques.
  • Leur authenticité est parfois débattue.

3. Liste des monnaies à collectionner – Dynastie Idrisside (788 – ~974)

  1. Idriss Ier (788 – 791)
    • Dirham en argent (Volubilis – Walili, ou Tamesna)
    • Inscriptions simples (profession de foi, parfois mention du souverain)
    • Très rare, monnaie fondatrice du Maroc musulman
  2. Idriss II (791 – 828)
    • Dirhams en argent, fals en cuivre (plus rares)
    • Atelier principal : al-ʿĀliya (Fès)
    • Inscriptions plus complètes, mention « Idriss ibn Idriss », parfois « Fès »
    • Plus accessibles que ceux d’Idriss Ier
  3. Successeurs (IXe siècle)
    • Mohammed ibn Idriss : dirhams frappés à Fès
    • Frères et émirs régionaux : frappes locales, très limitées
    • Yahya Ier : dirhams argent et fals cuivre, ateliers Fès et Meknès
    • Yahya II et la décadence : faible qualité, faible quantité

4. Conseils pour les collectionneurs

  1. Commencer par un dirham d’Idriss II → le plus accessible et représentatif.
  2. Élargir avec un dirham de ses successeurs (Mohammed, Yahya Ier).
  3. Chercher si possible un fals en cuivre → rare mais précieux.
  4. Apprendre les inscriptions coufiques → indispensable pour identifier et dater.
  5. Comparer systématiquement avec des catalogues spécialisés (CNI – Corpus Nummorum Islamicarum, Sylloge Numorum Arabicorum Tübingen).
  6. Attention aux faux → les monnaies idrissides étant rares, certaines copies circulent sur le marché.
  7. Privilégier les pièces en bon état peu circulées, elles ont une valeur bien plus élevée.

5. Conclusion

Les monnaies idrissides sont des témoins inestimables de l’histoire du Maroc médiéval. Dirhams et fulus, frappés à Fès, Volubilis et Meknès, racontent l’émergence d’un État indépendant et la diffusion de l’islam dans la région.

Pour le collectionneur débutant ou confirmé, ces pièces offrent une porte d’entrée idéale dans le monde fascinant de la numismatique marocaine : entre histoire, art et patrimoine.

Une collection cohérente idrisside peut comprendre :

  • 1 dirham Idriss Ier (si possible)
  • 1 dirham Idriss II (al-ʿĀliya – Fès)
  • 1 dirham de Mohammed ibn Idriss
  • 1 dirham de Yahya Ier
  • 1 fals en cuivre (tout règne confondu)


Références et sources :

  • J. P. Gay et H. de Castries, Monnaies arabes du Maroc et de l’Occident musulman, Paris, 1980
  • F. de Callataÿ, The Coinage of the Idrisids, Journal of Islamic Numismatics, 2010
  • Maroccollect.com, blog et articles spécialisés sur la numismatique marocaine
  • Delcampe, CGB Numismatique, eBay : sites de vente avec expertise numismatique
  • Histoire du Maroc islamique, Éditions Le Fennec, 2005

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